Une
critique de la coopération
La coopération naît
officiellement en 1959, le moment où la France place à
la tête de ses colonies africaines des hommes fidèles
sortis des universités, des écoles militaires ou du
Parlement de la métropole.
Au cours de cette période (1959-1969) la France impose sa
langue et ses méthodes pédagogiques dans un but d'assimilation
culturelle, sa banque et sa monnaie (qui s'appelle "franc CFA
") tout en aidant les différents présidents à
mettre en place des partis uniques, un style présidentiel,
des armées sélectionnées et des polices secrètes
hautement préparées et efficaces.
Une certaine stabilité est ainsi assurée aux nouveaux
leaders. Si cette stabilité vient à être menacée,
les "coopérants militaires» n'hésiteront
pas à intervenir. C'est le cas du Gabon : le 19 février
1964, les troupes françaises remettent en place le président
Léon M'Ba, renversé la veille par son adversaire.
[...]
Les investissements français progressent partout, les nouveaux
États ayant besoin d'infrastructures très importantes.
L'exemple des bâtiments grandioses à faire construire
pour les nouveaux ministères, les palais présidentiels
ou les résidences privées est particulièrement
significatif. Même chose pour les transports et les voies
de communication (routes, chemins de fer, etc.), l'éducation
(écoles supérieures et universités), et la
santé (hôpitaux et dispensaires). La nouvelle bourgeoisie
locale remplace les coloniaux en assumant les mêmes méthodes.
Et la coopération devient indispensable, parce que, pour
tous, il n'y a qu'un unique projet de développement: "libéral
et capitaliste".
Libération, 7 mars 1975
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